vendredi 9 mai 2008
Sterchele, la revue de presse.
"Je serai encore à Bruges la saison prochaine", affirmait, avec son assurance naturelle, François Sterchele, à la veille d'Anderlecht - Club Bruges. Le buteur liégeois n'y sera plus, hélas, qu'en pensée: il s'est tué, au volant de sa voiture, dans la nuit de mercredi à jeudi, sur la route de Vrasene, près de Beveren.
Avec Sterchele, le Club Bruges perd son meilleur attaquant de la saison. Le Liégeois a accompli une ascension fulgurante en cinq saisons. Il avait débuté à Loncin, près de Liège avant de rallier le FC Liège. C'est à La Calamine, en promotion, qu'il entama sa progression: il termina meilleur buteur avec 24 goals. Un an plus tard, il brilla à OH Louvain. Puis Jacky Mathijssen, alors entraîneur de Charleroi, lui offrit une première chance au Sporting. Sterchele démontra très vite qu'il pouvait briller en D1. Il le confirma au GB où, en totale complicité avec Cavens, il devint meilleur buteur de la D1 avec 21 goals.
Le Liégeois bénéficia alors d'un formidable embarras pour poursuivre sa carrière: il fut sur le point de se lier à Anderlecht avant de se raviser et… d'opter pour Bruges - pour cinq ans - alors qu'on le croyait parti pour le Standard de préférence à Heerenveen, qui le sollicitait également. A Bruges, François Sterchele avait fait l'unanimité. Les supporters adoraient son style et sa façon si particulière de célébrer les buts qu'il inscrivait, en faisant tourner sa main près de son oreille, en hommage à Luca Toni, son idole.
Sterchele brillait surtout dans l'axe. Mais il se dévouait également pour son équipe quand Jacky Mathijssen le déplaçait sur un flanc, poste qu'il n'affectionnait guère.
Sûr de lui, charmeur quand il le voulait, irritant, souvent, pour ses adversaires, François Sterchele constituait une réussite au Club Bruges. Il avait endossé quatre capes de Diable Rouge et devait constituer encore, la saison prochaine, un maître atout d'un Club européen.
Sterchele sera inhumé mardi prochain
François Sterchele sera inhumé mardi prochain au cimetière de Alleur a fait savoir la commune de Ans. Son corps doit être amené jeudi après-midi au funérarium Foret, rue Reine Astrid, 44 à 4432 Alleur. Des visites pourraient être autorisées vendredi entre 15h et 19h.
(source : Les Sports)
Sterchele est parti trop vite
L'attaquant du FC Bruges (26 ans) s'est tué dans un accident de la route, dans la nuit de mercredi à jeudi. Évocation de sa jeune carrière.
Le football belge vit une fin de saison pénible. Un peu moins de trois semaines après le décès de Constant Vanden Stock, il a perdu l'un de ses espoirs prometteurs, François Sterchele, tué dans un accident de la route, dans la nuit de mercredi à jeudi, près de Beveren. L'attaquant liégeois du FC Bruges est évidemment parti trop tôt, à 26 ans.
Le meilleur buteur belge de Belgique cette saison (11 buts) était arrivé sur le tard en D1, à Charleroi, lors de la saison 2005-06. Mogi Bayat l'avait présenté comme le futur meilleur buteur du championnat, qu'il deviendra la saison suivante au G Beerschot (21). Un titre qui lui avait valu une première sélection en équipe nationale et avait suscité l'intérêt d'Anderlecht, du Standard et du FC Bruges, l'été dernier.
En trois ans, Sterchele était ainsi arrivé au sommet du foot belge. Le gamin liégeois, qui répondait " footballeur professionnel " à la question " Que veux-tu faire plus tard ? ", avait réalisé son rêve. Il avait mis du temps, mais son obstination fut récompensée. C'est dans cette envie de réussir qu'il faut chercher les certitudes qu'il affichait. À Liège, il ne convainc pas, et face au scepticisme, son grand-père maternel, François Boonen, qui a joué un grand rôle dans ses débuts, lui conseille de descendre en P1, à La Calamine.
Il a 19 ans et son ascension va alors commencer : il participe à la montée du club en Promotion, et au bout de trois ans est transféré à Louvain, en D3. Il ne tarde pas à s'affirmer, inscrit 29 buts, tour final compris, et envoie OHL, pour Oud-Heverlee Leuven, en D2. À La Calamine, Westerlo, La Louvière ou Genk l'avaient suivi, mais ne l'estimaient pas prêt pour le haut niveau. À Louvain, il confirme ses talents d'attaquant, et surtout de buteur.
Charleroi met le grappin dessus, et s'il se contente de neuf buts dans le Pays Noir, il en inscrit un qui a fait le tour d'Europe. Contre Roulers, il comprend que la balle est en jeu tandis que le gardien roularien pense pouvoir prendre le temps de dégager un coup de pied arrêté. Sterchele se précipite et pousse le ballon au fond. Un résumé de l'attaquant intelligent qu'il était, toujours à l'affût. " J'ai entendu l'arbitre dire au gardien de jouer, j'avais compris ", expliquera-t-il. Son nom est encore prononcé Stèrchèle, ce n'est qu'en fin de saison qu'il demandera qu'on le prononce Sterkélé, à l'italienne, d'où une partie de sa famille est originaire.
" Peu importe où je vais, je sais m'adapter "
À Charleroi, il côtoie Jacky Mathijssen, qu'il retrouvera à Bruges. L'histoire raconte que quand il était entraîneur à St-Trond, il l'avait déjà à l'oeil. Leurs chemins se sépareront une saison, le temps pour François de devenir meilleur buteur au G Beerschot. " Peu importe où je vais, je sais m'adapter ", répétait-il, face aux interrogations suscitées par son choix. Au Kiel, il se liera d'amitié avec Jurgen Cavens, " un grand frère ", qui l'a aidé à s'installer à Anvers. Le duo fait mal aux défenses : Cavens retrouve une deuxième jeunesse et Sterchele reçoit sa première sélection chez les Diables rouges, le lendemain de ses 25 ans.
L'été dernier, il était l'attraction du mercato. Très proche d'Anderlecht, cité au Standard, où il avait un accord pour 4 ans, annoncé à Heerenveen, Groningue, Cologne, suivi en France et en Allemagne, il avait finalement opté pour le FC Bruges, où il projetait de jouer encore une saison au moins, avant de tenter l'aventure à l'étranger. Il n'en aura pas l'occasion.
À Marleen, sa maman, Alain, son papa, Thibaut et Marine, ses frère et soeur, ainsi qu'aux proches de François Sterchele, notre journal présente ses plus sincères condoléances.
Ses clubs 1990-1992 : RFC Loncin
1992-01 : RFC Liégeois
2001-04 : La Calamine
2004-05 : O-H. Leuven (29 buts)
2005-06 : Sporting Charleroi (9 buts)
2006-07 : G Beerschot (21 buts, meilleur buteur)
2007-08 : Club Brugge (11 buts)
Equipe Nationale 4 matchs, 0 but
1re sélection : 24 mars 2007
Sterchele : le foot belge pleure son bout d'Italie
Sterchele avait inondé le ciel gris de la Venise du Nord de son apport sportif mais aussi de son tempérament sudiste mêlé de détermination.
Didier MERTENS
Quelques supporters errent hébétés devant le fanshop, quelques bouquets ornent déjà l'entrée des joueurs au stade Jan Breydel. Hier, en fin de matinée, c'était au tour du Club Brugeois de revêtir le deuil. Anderlecht a perdu une figure historique en la personne de son président. Bruges a perdu une promesse sur son avenir en la personne de Sterchele. Le sport laissait entièrement place à la tristesse.
Venus affronter les micros, Luc Devroe ne pouvait retenir ses pleurs. Le directeur sportif n'est pas parvenu à parler. Jacky Mathijssen devait écraser une larme pour parvenir à rendre un court hommage à celui qu'il avait côtoyé à Charleroi.
" Sterchele était un bon footballeur, François était un terrible joueur avec qui travailler, "Swa" était le plus beau, le meilleur équipier car il était l'équipier de tout le monde. "
Le capitaine Vermant avait été désigné pour remplir le devoir d'équipiers assommés par la terrible nouvelle : " François est arrivé dès le premier jour avec un sourire qui ne l'a jamais quitté. Il a été des nôtres dès ce moment-là. Les joueurs ne mesurent pas encore l'immensité de cette perte, la séparation est trop brutale. "
Dans l'émotion à couper au couteau c'est le président D'Hooghe qui se chargeait de dépeindre le vide. Celui que laissera un Sterchele qui, outre une détermination toute flandrienne, avait aussi amené cette touche de fantaisie toute italienne qu'on ne connaissait pas dans la travailleuse Venise du Nord. " Que nous ayons perdu un excellent joueur passe au second plan. Nous avons surtout perdu un grand ami. En très peu de temps, François nous avait fait découvrir toutes ses facettes : jeune, insouciant, plein de promesse. Qui aurait pu dire quand il marqua ses deux premiers but lors de son premier match chez nous que nous nous retrouverions pour ceci. C'est le destin. François avait ses petits défauts mais il possédait aussi un tel charme que personne ne pouvait jamais lui en vouloir. Il rayonnait sur nous comme un soleil ardent. En un rien de temps il était devenu un vrai Brugeois. Il incarnait le courage, la volonté et cette détermination jusqu'à la dernière minute qui l'ont fait adopter d'emblée. Nous avons perdu un membre de la famille. Ce n'est pas en mon pouvoir mais j'aimerais que le gala du footballeur pro soit annulé. Notre coeur n'y est vraiment pas. "
En attendant que la chapelle ardente soit accessible (ces vendredi et samedi), le Club a fait de son site web (www.clubbrugge.be) un registre de condoléances, tout comme l'a fait la principale organisation de supporters sur www.blue-army.com. Des milliers de témoignages étaient déjà postés hier, y compris de la part de supporters anderlechtois qui avaient fait de Sterchele leur principale cible samedi dernier...
Son dernier but dédié à une victime de la route
Le 13 avril dernier, Sterchele marquait son dernier but contre le Cercle. Dans sa joie d'après-match, l'attaquant enfreignait - tout à fait dans son style espiègle et spontané - une consigne officielle : il nous confiait son maillot. Pour une vente aux enchères de l'ONG liégeoise Solidarité Afghanistan Belgique. Une demi-heure après sa BA, Sterchele empoignait son gsm pour que le journal, échange de bons procédés oblige, se charge de dédicacer son but. François dédiait son dernier but à Benjamin Cartelle, le jeune frère d'un de ses amis,... décédé dans un accident de voiture quelques jours auparavant. Fatale ironie du sort.
(source : Vers l'Avenir)
Le football belge orphelin de l'un de ses artilleurs d'élite
Un extraverti au parcours fulgurant
La fin de parcours de François Sterchele laissera un grand vide dans le panorama de l'élite. Adieu l'artiste !
Lorsque ton heure est arrivée, que tu aies 25 ou 90 ans, tu dois te résigner. Personne n'est maître de son destin. Chaque jour, je peux avoir un accident de voiture et si cela doit se produire, je ne pourrai rien y faire. La disparition d'Ivo Van Damme m'a appris une chose : chacun, même un sportif de haut niveau, doit vivre sa vie comme il l'entend : vivre comme un reclus ne sert à rien. »
En pleine gloire sportive, Ludo Coeck apporta un jour cette réponse à un journaliste qui lui demandait s'il pensait souvent à la mort. Une réponse prémonitoire puisque peu après, l'international belge perdait, à 30 ans, la vie au volant de sa voiture.
Comme Coeck et bien d'autres sportifs de renom, François Sterchele n'a donc pas échappé à son destin. Aussi fulgurante fut sa trajectoire, aussi tragique et brutal apparaît aujourd'hui le décès d'un garçon attachant, toujours souriant, volontiers provocateur mais unanimement apprécié dans la grande famille du football professionnel qu'il a intégrée, sur le tard, avec une rare efficacité.
Fils d'un immigré de Rimini, en Emilie-Romagne, Sterchele n'avait qu'une idole : l'avant-centre du Bayern Munich Luca Toni dont il rêvait tout à la fois d'imiter la fabuleuse carrière et la gestuelle de victoire. A la manière de sa mascotte, François apprit, au fil du temps, à chaque fois qu'il fouettait les filets adverses, à mimer, par trois petits tours de main, la joie incommensurable de tous les buteurs du monde aux yeux exorbités par l'adrénaline de leur exploit. Cette mimique un peu dingue constituait la marque de fabrique du Liégeois qui, après un parcours fulgurant, avait, au seuil de l'été passé, posé son sac en Venise du Nord après avoir conquis tour à tour ses premiers titres de noblesse à Charleroi et au GBA.
Originaire d'Alleur, Sterchele fit son apprentissage de footballeur à Loncin puis au FC Liégeois, pépinière de talents en herbe, avant de prendre, à 19 ans, le chemin de La Calamine, en P1 liégeoise. Cette première étape marquait le début d'un parcours parsemé de pierres blanches. Avec les germanophones, il connut par deux fois en 3 ans les joies de la montée, inscrivant 23 buts lors de sa dernière campagne en D3. L'efficacité remarquable de cet ailier reconverti en attaquant axial éveilla l'attention de La Louvière et du CS Bruges, mais ce fut finalement à Oud-Heverlee qu'il choisit d'atterrir. En terre louvaniste, ce buteur d'instinct quitta sa chrysalide de joueur amateur pour endosser la livrée d'un semi-pro. Avec 29 roses, il se montra plus prolifique encore qu'à La Calamine, portant à la petite centaine son score personnel en divisions inférieures.
L'heure de la consécration avait déjà sonné pour lui quand Charleroi, flairant la bonne occase, réussit, en 2005, à le convaincre de rallier ses rangs. Sacré meilleur finisseur des Zèbres sous l'ère Mathijssen, le Liégeois n'allait toutefois pas s'attarder au Mambourg où sa tête avait été mise à prix pour un montant de 875.000 euros. Une somme que le GBA, club de transition, n'hésita pas à débourser. En neuf mois, le club anversois allait pratiquement multiplier par quatre son investissement. Entre-temps élevé au rang de Diable rouge et sacré, avec 21 buts, meilleur artilleur de la saison 2006-2007 sous la conduite éclairée de Marc Brys, Sterchele était soudainement devenu l'attaquant le plus convoité du championnat.
L'histoire, encore toute fraîche, nous rappelle cette interminable saga estivale au cours de laquelle l'enfant prodige parvenu au sommet de sa parabole fit tour à tour rêver les supporters d'Anderlecht et les sympathisants du Standard. En position de force pour négocier au mieux de ses intérêts un transfert et un contrat plus juteux encore, il étonna tout son monde en optant pour le Club de Bruges plutôt que pour les Mauves ou les Rouches. Pour la première fois de sa carrière, Sterchele avait opéré le mauvais choix. En dépit d'un premier tour remporté, au ras des pâquerettes, par son club, François connut après l'hiver l'avanie des contre-performances en cascade qui hypothéquèrent les dernières chances de Bruges de renouer avec le titre.
Le Liégeois, modèle d'obstination et parangon de l'optimisme à tous crins, n'en continua pas moins à vivre à du cent à l'heure, et même plus, tant sur le terrain que dans la coulisse. Le nouveau golden boy, qui croyait être né sous le signe de la bonne étoile, avait de fait toutes les raisons de voir l'avenir en rose. En pleine force de l'âge et la perspective d'effectuer, un jour, le saut dans un championnat étranger d'envergure, il imaginait peut-être en son for intérieur rejoindre tôt ou tard le Calcio. Par une belle nuit printanière de mai 2008, son rêve s'est fracassé, à la vitesse supersonique, contre l'écorce d'un arbre. A l'heure qu'il est, Ludo Coeck, le gentleman philosophe, l'a déjà accueilli dans le pré fleuri des artistes disparus.
Alors qu'il est toujours en lutte pour la deuxième place du championnat, le FC Bruges, hôte, samedi soir, de Westerlo dans un stade qui prendra l'allure d'une mortuaire n'a pas assez de toutes ses larmes pour pleurer. Les Blauw en Zwart perdent non seulement un camarade, un bon équipier mais aussi un attaquant performant sur lequel ils fondaient beaucoup d'espoir pour poursuivre, l'an prochain, leur quête du renouveau.
Sur le plan purement sportif, le coup est très rude pour le Club flandrien comme il prive d'ores et déjà le nouveau tandem fédéral Vandereycken-Vercauteren d'un attaquant précieux avant même les trois coups de la prochaine campagne éliminatoire de Coupe du monde.
Nul ne saura jamais si Sterchele, tout juste appelé à 4 reprises, avait l'étoffe d'un international en puissance. Mais l'équipe tricolore, elle aussi, ne manquera pas de verser un pleur sur le sort funeste de ce Diable d'homme.
Brys (GBA) : « Un côté extravagant »
Marc Brys fut son entraîneur au Germinal Beerschot la saison dernière : « Malheureusement, c'est un accident qui caractérise le fait que François vivait aussi à 100 à l'heure sur et en dehors du terrain. Sterchele est le plus doué qui m'ait été de voir. Il était aussi apprécié des supporters et de la direction, malgré son côté extravagant. »
Hendrickx (Charleroi) :
« Il a réussi partout »
« C'est quelqu'un qui respirait le bonheur, explique le dirigeant de Charleroi. Chaque matin quand il arrivait, c'était avec un grand sourire. Il avait un rire communicatif. François a réussi partout où il est allé. »
Huet (La Calamine) :
« Je retiendrai son sourire »
« Il avait du talent, mais on ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il effectue le parcours qu'il a fait, explique Stéphane Huet, qui fut son entraîneur à La Calamine. Ce qui le caractérisait, c'était son déhanchement, il avait un dribble facile. Ce que je retiendrai de lui ? Son sourire. »
Aimé Anthuenis (GBA) :
« Le Kiel l'adorait »
« J'ai été sous le choc dès que j'ai appris la nouvelle, explique l'ancien sélectionneur national, aujourd'hui dirigeant du GBA. Il avait encore toute une carrière et toute la vie devant lui. Je ne peux pas mieux le décrire que comme un jeune très simple, bon vivant, qui ne faisait pas de chichis. Il aimait profiter de la vie. Sterchele n'avait que des amis ici à Anvers et il était très aimé du public au Kiel. »
Kumps (Louvain) :
« Un golden boy »
Henri Kumps, président du club de Division 2 Vieux-Heverlee Louvain (VHL), a décrit François Sterchele comme un « golden boy, un homme qui prenait beaucoup de plaisir à ce qu'il faisait, mais qui avait aussi particulièrement beaucoup de classe. C'était un Liégeois que les Flamands appréciaient et qui venait à l'entraînement avec beaucoup d'enthousiasme. »
D'Onofrio (Standard) :
« Il avait failli venir »
« Quelle terrible nouvelle, commente le directeur technique de Sclessin, Dominique D'Onofrio. J'ai une pensée pour ses parents. Dire que François a été à deux doigts de signer ici l'été dernier. C'était vraiment son premier choix, assez logique au demeurant. Il habitait quand même par ici. Mais Bruges le voulait absolument, et a surenchéri. On n'a pas pu suivre, mais c'est clair qu'il était le joueur idéal pour notre équipe. Le Standard avait énormément d'estime pour lui. »
Ariël Jacobs (Anderlecht) :
« Le football est dérisoire »
« Quand j'ai appris sa mort, j'ai eu un moment d'absence, explique l'entraîneur d'Anderlecht. J'étais consterné. Le football est bien dérisoire par rapport à un tel événement. J'ai envie de dire à mes joueurs : tirez-en les conclusions, faites gaffe ! J'ai senti tout le groupe très touché par ce décès. L'ambiance était étonnamment calme à l'entraînement. »
Le buteur du FC Bruges sera inhumé mardi à Alleur
François Sterchele, une vie et une mort à grande vitesse
Le Liégeois s'est tué, seul au volant de sa Porsche, dans la nuit de mercredi à jeudi. Il avait 26 ans.
François est mort comme il a vécu : à 200 à l'heure. » Rideau, il n'y a rien d'autre à ajouter après la conclusion attristée d'un membre du staff après la brève conférence de presse improvisée jeudi midi dans les locaux du FC Bruges.
Quelques heures plus tôt, un jeune homme de 26 ans venait d'être rattrapé par la mort. Et même pas au tournant puisque c'est visiblement en pleine ligne droite, sur cette tueuse Expressweg (N49) bien connue de ceux qui font la route entre Anvers et Knokke-le-Zoute, que son véhicule a quitté la route. « En bifurquant sur la droite pour une raison inconnue alors que le conducteur roulait à une vitesse inadéquate », annoncera laconiquement le parquet, descendu sur les lieux. Il était environ 3 heures du matin du côté de Vrasene, dans l'entité de Beveren. Quelques heures plus tard, selon un confrère anversois ayant mené son enquête sur place, l'hypothèse de la présence d'un autre véhicule que le footballeur aurait voulu éviter n'était pas exclue par les autorités judiciaires, vu les traces de freinage. Mais, rappelons-le, il ne s'agit à ce stade de l'enquête que d'une hypothèse.
François Sterchele est donc mort sur le coup. L'arbre qu'il a percuté ne lui a laissé aucune chance. Et c'est peut-être mieux ainsi puisque sa Porsche Cayman – ou plutôt ce qu'il en restait – s'est immédiatement embrasée après avoir terminé sa course folle dans un champ.
Seul occupant du véhicule, l'international liégeois, qui portait depuis le début de saison les couleurs du FC Bruges, revenait apparemment d'une soirée au Local, un club privé du centre d'Anvers, où il avait passé la soirée avec ses anciens équipiers du Germinal Beerschot, Hernan Losada et Kenny Verhoeven. Des photos prises sur place circulaient déjà sur le Net jeudi après-midi.
Tirés de leur sommeil dès l'aube, dirigeants, entraîneurs et joueurs brugeois se sont rassemblés jeudi, dès 8 heures du matin, au stade Breydel. Emu jusqu'aux larmes, le président D'Hooghe s'adressait à la presse en fin de matinée. « Nous sommes tous en proie à une détresse indescriptible. François était un vrai Brugeois, on l'a remarqué dès le premier jour. Il avait les valeurs d'ici, à savoir le courage et la combativité. » Assis à côté de son président, Jacky Mathijssen a salué la personnalité attachante du joueur qu'il avait lancé en D1 à Charleroi. « Sterchele était un bon footballeur. François un supercollègue de travail. Mais "Swa” (NDLR : son surnom dans le groupe) le meilleur des équipiers car il était celui de tout le monde. » « Arrivé avec le sourire en l'emportant trop tôt avec lui », comme le dira le capitaine Sven Vermant au nom de ses équipiers.
François Sterchele s'affichait déjà sur les grilles d'un stade Breydel où tous les drapeaux avaient été mis en berne, y compris celui des voisins et colocataires du Cercle. On pouvait le voir tantôt imitant son idole Luca Toni après un but ou embrassant cette vareuse blauw en zwart qu'il a trop furtivement portée. Le tout alors que les premières gerbes de fleurs étaient déposées dans un silence impressionnant et qu'allait se dresser une chapelle ardente, sur le terrain synthétique de l'Olympiapark, où les supporters du Club pourront signer un registre de condoléances, à partir de vendredi et ce, jusqu'au coup d'envoi de la 34e journée. Car le Bruges-Westerlo de samedi aura bien lieu.
« François l'aurait vraisemblablement souhaité », dira Michel D'Hooghe. Mais ce match sera dépouillé de tout (messages publicitaires, animation musicale) sauf de l'essentiel : l'hommage d'un Club à son goleador, arraché bien tôt à l'existence, précisément à cause de sa soif de vivre. Samedi, sur le coup de 20 heures, une minute d'applaudissements ininterrompus parcourra l'échine de tout un stade. Avant que ne résonne, l'envoûtant You'll never walk alone en présence de ses équipiers au milieu de la pelouse.
Quant aux funérailles proprement dites, elles auront lieu mardi matin à Alleur, non loin du funérarium d'Ans où repose le corps de Sterchele depuis jeudi après-midi.
(source : Le Soir)
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