samedi 28 juin 2008

Thierry Siquet : "Cet Euro n'aura rien apporté de tactiquement révolutionnaire"


L'entraîneur des Zèbres parle de son Charleroi, du football belge et de la compétition qui s'achève demain.


Sitôt le dernier entraînement de la première phase de reprise des Zèbres terminé mercredi, l'entraîneur du Sporting carolo a mis le cap sur le sud de la France pour dix jours en compagnie de celles qu'il appelle ses trois femmes. Mais avant cela, Thierry Siquet a accepté de se livrer entre deux valises. Nous avons eu la confirmation que le Hutois était décidément de plus en plus à l'aise dans son training d'entraîneur principal. Il ne manque plus à son bonheur qu'un contrat le confortant enfin dans ses fonctions...

Thierry Siquet, voilà les Zèbres partis pour de secondes vacances. Les premières s'étaient-elles bien passées pour vous ?

"Professionnellement, je les ai mises à profit pour préparer le programme de reprise. À titre privé, je suis resté à la maison, puisque nos filles allaient encore à l'école."

On suppose que, comme tout bon footeux qui se respecte, retâter du ballon vous démangeait...

"Les deux premières semaines, on récupère. Et puis, comme vous dites, on pense à la reprise."

C'est la première fois que les Zèbres ont droit à une reprise en deux temps. Pourquoi ce choix ?

"D'abord, je ne peux pas garantir que cela influencera les futurs résultats. Je voulais surtout éviter une coupure de cinquante-cinq jours en sachant qu'une préparation idéale doit durer de six à sept semaines. Se retrouver une dizaine de jours avant une pause de même durée est positif. Mes joueurs ne vont pas se reposer pour autant, puisque chacun a reçu un programme adapté à ses besoins. On vérifiera le 7 juillet si chacun s'en est acquitté. Celui qui aurait manqué à son devoir serait de toute façon rapidement largué physiquement."

Quelle charge de travail représente ce programme spécifique ?

"Entre une heure et demie et deux heures par jour. On sait très bien qu'il peut y avoir un petit accroc ou l'autre, mais il y a accroc et accroc."

Quel bilan avez-vous tiré du récent mini-stage à Durbuy-Aventure ?

"Malgré quelques craintes de l'inconnu pour certains, tout s'est bien déroulé. Mais bon, je ne m'en faisais pas trop, car ce sont quand même des sportifs de haut niveau. Et puis c'était varié : on n'a pas fait du paint-ball pendant trois jours. Il y a bien eu quelques petits incidents (NdlR : Miceli s'est vu apposer trois points de suture au niveau d'un genou après une chute en quad), mais je retiens que chacun en voulait et a été au bout de l'effort en toutes circonstances. C'est instructif de mettre des footballeurs dans des situations différentes de leurs habitudes."

Cette reprise, c'était aussi une grande première pour vous depuis que vous êtes passé de l'autre côté de la barrière. L'appréhendiez-vous avec plus de stress que quand vous étiez joueur ?

"Non, pas du tout, car je peux notamment m'appuyer sur un staff de qualité. Après, je serai jugé sur mes résultats, comme tous mes confrères."

Quel est le potentiel de votre noyau en l'état actuel des choses ?

"Il est identique à celui de la saison passée et ce groupe vaut mieux que ce qu'il a montré en fin de parcours. L'effectif n'a pas bougé et c'est tout profit pour la cohésion, puisque les affinités ne sont pas à créer. Si tous les éléments acceptent de faire les sacrifices nécessaires à un moment ou à un autre, on peut espérer de belles choses."

Comme c'était le cas avec vos prédécesseurs, on ressent une symbiose avec Mogi Bayat en ce qui concerne les transferts, mais avez-vous bien votre mot à dire à l'occasion ?

"Nous sommes effectivement en phase, même si des divergences de vues sont inévitables quelquefois. Nous sommes sur la même longueur d'ondes, sur la même ligne générale, et c'est ça qui est le plus important. Le fait que je puisse donner mon avis l'est également. Après, les décideurs décident."

L'ex-capitaine tubizien Vandenbroeck s'est apparemment intégré comme s'il était un vieux de la vieille...

"Il n'y a pas de secret. Il a été formé à Nancy, dont la réputation n'est plus à faire à ce niveau. Que ce soit footballistiquement et intellectuellement, ce garçon dégage une belle maturité malgré son âge. Il vient d'arriver mais s'implique déjà et n'hésite pas à donner son avis. Il entame sa première année en tant que professionnel, et c'est comme s'il l'avait toujours été."

Où en est Defays ? Sera-t-il apte à débuter le championnat ?

"On verra à ce moment-là. Il s'entraîne tout à fait normalement et sans ressentir de douleur. C'est déjà ça. Mais il n'est pas encore à 100 % physiquement. Loin de là, même... C'est tout à fait normal quand on n'a plus joué depuis six mois. Il ne faut donc pas précipiter les événements. Ce dont on est sûr avec lui, vu son profil, c'est qu'il sait se gérer à merveille."

Et vous ? Toujours pas de nouveau contrat...

"Je vais continuer à correspondre avec le président à ce sujet depuis mon lieu de vacances. On verra donc ça à la reprise et il ne faudra plus que ça traîne trois semaines. Je suis certes toujours sous CDI, mais mon statut a changé, et il est temps que cela se matérialise noir sur blanc, notamment financièrement, afin de pouvoir se concentrer pleinement sur des choses plus importantes pour le club."

Qui sont vos conseillers, si vous en avez ?

"Il y a forcément quelques personnes que j'écoute. Au Sporting, par exemple, d'un point de vue strictement sportif, le dialogue est réel avec mes adjoints. Une fois que j'ai pris tous les avis, la décision m'appartient toutefois, puisque je serai le seul responsable désigné en cas de soucis. Cela relève de la logique la plus élémentaire."

Par la force des choses, vous avez tout à coup dévié de votre trajectoire personnelle... Pas de regrets jusqu'ici, on suppose ?

"Je n'ai pas trop eu le temps de la réflexion lorsque Philippe Vande Walle a décidé d'arrêter comme entraîneur principal. Mon but était bien sûr d'enfiler un jour le costume de T1 en D1, mais je n'avais forcément pas prévu que cela se fasse si vite."

Une arrivée massive de sang frais au sein de votre corporation ne serait-elle pas de nature à donner un nouveau souffle à notre football ?

"Peut-être; mais, de toute façon, tous les entraîneurs, jeunes comme moi ou expérimentés, savent à quoi s'en tenir en cas de mauvais résultats. Par conséquent, l'âge ne change rien fondamentalement et tout reste lié aux moyens financiers, partout. On compare sans cesse le football belge à ce qui se passe chez nos voisins, mais c'est incomparable. La Belgique a une guerre en retard, mais sans argent... Et puis, chaque club a ses spécificités. Parler de centres de formation régionaux, c'est bien beau, mais est-ce que Charleroi partagera des installations avec Tubize ? Chacun essaie de faire bouger les choses de son côté. Chez nous, on essaie d'avancer en ce qui concerne les infrastructures, mais on en revient inévitablement au paramètre financier."

N'existe-t-il quand même pas des solutions de bon sens ?

"Je vous le répète : l'argent conditionne tout. Comment expliquez-vous que tant d'anciens joueurs disposant d'une expérience comparable à la mienne ne sont plus impliqués dans le milieu ? Entraîner ne fût-ce qu'une équipe de jeunes, ce sont des sacrifices familiaux avec plusieurs soirées prises par semaine et le match. Alors, pour trois ou quatre cents euros par mois, les gens restent chez eux."

Terminons par l'Euro... Vous l'avez suivi comme un malade ou à la carte ?

"Le plus possible, même si je n'ai pas tout vu. Et il m'est arrivé d'enregistrer certains matches. Outre celle du niveau d'ensemble élevé, on a eu la confirmation que les équipes qui démarrent sur les chapeaux de roue ne tiennent pas la distance, à l'exception de l'Espagne."

Avez-vous appris des choses qui vous serviront au quotidien ?

"D'autres plus intelligents que moi vous diront peut-être le contraire, mais non. Tactiquement, je n'ai rien constaté de révolutionnaire et c'est toujours le talent qui a fait la différence. Toutes les équipes ont joué avec quatre défenseurs et une ligne médiane tantôt à quatre tantôt à cinq. Rien de bouleversant par rapport à ce qui se fait chez nous avec moins de qualités, certes, donc..."


(source : dhnet.be)

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