Le Farciennois revient au Mambourg après un break de deux matchs
Passé d'un statut de réserviste à Charleroi à celui de titulaire au Club, le Brugeois mérite-t-il autant de critiques ?
Même s'il est vrai qu'il n'a pas vraiment été à la fête ces derniers temps, Laurent Ciman mérite-t-il pour autant le flot quasi continu de critiques qui se sont abattues sur ses épaules depuis quelques semaines ? La question vaut en tout cas d'être posée, et appelle à tout le moins quelques éclaircissements à quelques heures de l'affrontement entre Charleroi et Bruges, dimanche (18 h), qu'il débutera sur le banc de touche.
Pour bien situer le « problème Ciman », il faut tout replacer dans son contexte. Après avoir fait ses classes à l'Olympic, il débarque au Mambourg sur insistance de Dante Brogno. Durant trois saisons, ce jeune Farciennois pétri de talent va y parfaire son apprentissage, théoriquement afin de devenir le successeur de Frank Defays au poste d'arrière droit. Sous la houlette de Jacky Mathijssen, qu'il a retrouvé avec plaisir dans la Venise du Nord cet été, puis de Philippe Vande Walle ou de Thierry Siquet, qu'il avait précisément remplacé après à peine 6 minutes de jeu face à Anderlecht pour sa première apparition en D1. C'était le 24 septembre 2004. Depuis lors, Laurent Ciman a connu des hauts et des bas, sportivement bien sûr, mais aussi en dehors des terrains puisqu'il a notamment été suspendu pour trois mois après avoir consommé du cannabis. « Une erreur de gamin », affirmera-t-il par la suite.
S'il n'hésite jamais à dire tout haut ce que certains pensent tout bas, s'attirant parfois quelques inimitiés tenaces, Laurent Ciman insiste également pour qu'on ne le traite pas de chien fou. « Sous ses airs de dur, Laurent est en effet un gars fragile, qui a besoin d'être entouré des siens, d'être conseillé et constamment rassuré », avance Mogi Bayat, le manager carolo. Cet été, durant les JO, son refus de monter au jeu à quelques minutes de la fin du match contre la Chine ne sera guère apprécié. Mais le garçon a cet avantage qu'il peut aisément faire abstraction de tout. Face au Nigeria, en quart de finale, il reçoit quand même la possibilité de se mettre en évidence durant quelques minutes et inscrit un but magnifique, mais inutile, sur coup franc.
Capable de jouer sur le flanc voire même en tant que médian défensif, c'est pourtant au sein de l'axe défensif qu'il se sent le mieux, là où il peut le mieux faire parler son intransigeance sur l'homme ou son bon jeu de tête défensif. Et sa frappe de balle puissante, aussi. Même si sa polyvalence est assurément l'une de ses qualités majeures, il faut du temps pour s'implanter à un nouveau poste. « Laurent est un garçon qui est pétri de qualités et je ne doute pas une seule seconde qu'il va finir par faire taire les sceptiques au Club de Bruges, poursuit Mogi Bayat. Qu'il joue dans l'axe ou à l'arrière droit ne change rien aux problèmes qu'il rencontre actuellement. Bon techniquement, rapide, très dur sur l'homme, il ne se pose jamais de questions quant à la qualité présumée de l'adversaire. Qu'il s'agisse de Ronaldinho ou de Théréau en face, cela ne change rien pour lui ! Laurent pèche juste, par moments, par manque de concentration. Je me suis souvent battu avec lui à ce sujet : ses absences peuvent coûter cher à son club. Mais il est encore jeune et, quand il aura résolu ce problème, il pourra s'implanter pour dix ans dans une équipe qui possède les qualités du Club. »
Jean-François de Sart, l'ancien entraîneur des Espoirs, ne peut que confirmer. « Pour les JO, j'ai décidé de lui faire confiance malgré son temps de jeu réduit durant le second tour de la saison passée. Parce que Laurent m'avait bien plu durant l'Euro 2007, mais aussi parce qu'il m'offrait diverses possibilités. Physiquement, il est faux de dire qu'il n'est pas bien parce qu'il n'a pas participé à la préparation avec Bruges, comme Luc Devroe l'a expliqué, sans doute pour le protéger. Regardez Fellaini, Vermaelen, Vertonghen ou Simaeys. »
La question qui s'impose, dès lors, a trait à la différence énorme qui existe entre un statut de réserviste à Charleroi ou celui de titulaire dans un club du top comme Bruges. Et à la gestion de la pression inhérente à son nouveau statut ! Surtout à un poste, celui d'arrière droit, où les dernières expériences (De Cock ou Priske) ont été médiocres, voire calamiteuses.
A la ramasse lors du derby face au Cercle (« C'était le plus mauvais match de ma carrière »), constamment dépassé à Rosenborg et coupable d'un penalty inutile à Gand, il s'est ramassé en retour de boomerang une volée de critiques pas toujours très nuancées, surtout au sein de la presse néerlandophone. Précisément parce qu'il ne manie pas la langue de Vondel ? « C'est une tradition, ici, à Bruges, que le back droit en prenne plein la vue, explique-t-il simplement. Pour l'instant, on est premiers et c'est tout ce qui m'importe. »
Soucieux de le préserver, Jacky Mathijssen, qui a aussi stigmatisé l'absence de travail défensif de la part de Ronald Vargas pour expliquer partiellement les mauvaises prestations de Ciman, a préféré lui octroyer une semaine de repos qui, paraît-il, a « décuplé sa motivation » avant son grand retour au Mambourg. Durant ce laps de temps, le Club a battu Zulte et Courtrai même si son remplaçant, Gertjan Demets, n'a pas vraiment convaincu, lui non plus.
(source : Le Soir)
samedi 8 novembre 2008
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