mardi 28 avril 2009

Interview de Ilombe Mboyo Pelé




Pourquoi Mogi Bayat ne veut-il pas que tu parles à la presse ?

J’ai un passé qui n’est pas commun pour un joueur de football. Avec les journalistes, je sais très bien comment cela se passe. Mogi le sait très bien également. Il a de l’expérience et sait bien que les journalistes voudront faire de grosses histoires. Par mesure de sécurité, pour le club et aussi pour moi-même, il a pris des précautions.

Parlons donc du sportif. Peux-tu nous résumer ton parcours de footballeur ?

J’ai commencé le football à l’âge de 5 ans à Zellik, dans un petit club de quartier près de Bruxelles. J’y suis resté jusque 12 ans, puis Anderlecht est venu me chercher. En fait, j’ai proposé à Anderlecht de prendre aussi Geoffrey et nous y sommes partis. J’y suis resté jusqu’à 14 ans. Il y avait une grande concurrence et c’était difficile d’y jouer. À cette époque, le club ramenait beaucoup de joueurs du Ghana et d’autres pays africains. À cette même époque, Bruges me suivait. Avec mon père, on a décidé de changer de club mais Anderlecht ne voulait pas me laisser partir et a refusé ma désaffiliation. Alors, je suis parti à Alost m’entraîner 5-6 mois puisque c’était la mi-saison. Ensuite, je suis parti à Bruges pour deux saisons et puis je suis arrivé à Charleroi.

Quelles sensations cela fait-il de passer du milieu "espoir" au milieu professionnel en quelques semaines et d'être titularisé très vite ?

Personnellement, je suis content. Maintenant, je me rends compte que c’est un exploit. Je ne m’attendais pas à être titulaire aussi vite. Au début, quand je suis monté, c’était pour avoir du temps de jeu, même 5 minutes, j’aurais déjà été content. Non, je ne m’attendais pas à cela si vite. Je ne suis pas prétentieux, je savais que j’avais encore beaucoup de boulot, que j’avais encore beaucoup à faire. Maintenant, j’ai joué beaucoup de matches en tant que titulaire, je suis content. Il y a des matches où cela s’est bien passé, d’autres moins. C’est le choix de l’entraîneur, je ne suis pas dans sa tête : si je joue, c’est qu’il y a quelque chose en moi qui lui plaît, je ne peux qu’en tirer profit, je suis satisfait.

Je dois ajouter que souvent quand je suis monté, l’équipe allait mal. Le coach a voulu tenter des essais parmi les jeunes, il fallait qu’il trouve des solutions. À l’époque où je suis monté, nous venions de subir deux ou trois défaites. C’est plus facile de s’intégrer dans une équipe comme cela pour un jeune. Il suffit à ce dernier de faire quelque chose, d’apporter un plus par rapport aux joueurs en place. J’ai probablement su faire à cette époque ce que les attaquants ne faisaient pas. Je ne suis peut-être pas supérieur aux autres attaquants, mais à cette époque là, et en tout cas aux yeux de l’entraîneur, je devais l‘être.

Ne risque-t-on pas d'attraper la grosse tête quand on s'impose aussi facilement que tu l'as fait dans le noyau A ?

Non, justement. Footballistiquement parlant, je ne suis pas quelqu’un qui connaît le foot mais je connais des jeunes qui ont réussi au plus grand niveau. Mon meilleur ami est Anthony Vandenborre, c’est quelqu’un avec qui j’ai grandi et qui est resté humble. Et ce n’est pas le seul exemple. Je suis pro depuis peu mais ce n’est pas pour cela que je vais changer ma façon de vivre. Je suis simple et les gens que je côtoie le sont restés aussi. Pour moi, être footballeur professionnel, ce n’est pas un exploit. Nous sommes des êtres humains, comme les docteurs, les pompiers, les avocats que je respecte tout autant qu’un footballeur. C’est vrai que c’est une chance, ça donne du rêve aux jeunes mais je ne vois pas en cela une situation extraordinaire. Je sais d’où je viens, je sais ce que j’ai fait dans ma vie, je ne vais pas changer parce que j'ai gravi les échelons dans le foot.

Quelle est ta place préférée sur le terrain ?

À la base, je ne suis pas un buteur, je suis milieu offensif, un « 10 », un distributeur. J’ai fait toutes mes classes en tant que « 10 ». Je peux me situer aussi sur le côté ou juste derrière un attaquant.

Devenir le meilleur buteur des Zèbres cette saison, est-ce un objectif ?

Non, je ne suis pas quelqu’un qui est obsédé par le fait de marquer. J’aime marquer, c’est évident; si j’en ai la possibilité, je n’hésite pas, mais ce n’est pas une obsession. Moi, j’ai besoin d’être entouré par mes équipiers pour marquer. Je ne vais pas garder le ballon uniquement dans le but de me mettre en valeur. Ce qui compte, ce qui est le principal objectif, c’est de gagner, que l’équipe gagne.

Quels sont alors tes objectifs à long terme ?

J’aimerais confirmer. J’ai joué quelques matches et j’ai marqué trois goals, mais je trouve que je ne suis encore nulle part. Avant que je ne quitte Charleroi, j’ai encore des choses à montrer et je dois encore progresser. On verra pour la suite plus tard, je ne pense pas encore à cela.

Crois-tu avoir encore une grande marge de progression ?

Oui, je sais que je dois encore progresser beaucoup, je m’estime à 60 %. Je me connais, je sais comment je jouais avant. Je suis encore en phase de reconstruction car voilà, j’ai eu des problèmes. C’est vrai que maintenant, ça va mieux. Je sais que j’ai des qualités, je sais ce que je suis capable de faire.

Que penses-tu des supporters de Charleroi ?

Je trouve que ce sont de bons supporters. Ici et à l’extérieur, ils sont toujours là, ils chantent. Depuis que je suis arrivé, je les ai toujours vus soutenir le groupe. Parfois, même, on rentre de déplacement, il est minuit et ils nous attendent sur le parking, ils sont là pour nous féliciter, ils sont présents même quand on a perdu. Je trouve ça bien de leur part.

Même quand il s’agit de « petits matches », les supporters font tout pour se faire entendre. Il est clair que nous devons faire le maximum de résultats et de spectacle pour qu’ils continuent à nous suivre, même en déplacement. Si les résultats sont bons, ils continueront à nous soutenir. Maintenant, je comprends que les jeunes ou les gens qui n’ont pas beaucoup d’argent ne vont pas commencer à payer pour voir de mauvaises prestations. C’est à nous de faire en sorte que les supporters nous suivent.

Un mot sur Mogi Bayat ?

Il m’a donné ma chance, une grande chance dans ma vie. Je ne pourrai jamais être que reconnaissant pour lui. Il y a des gens qui l’aiment, d’autres qui ne l’aiment pas. Moi, je l’apprécie beaucoup. Je m’entends bien avec lui, il sait m’écouter quand j’ai des problèmes, il m’aide et il sait être juste.

Pour terminer, comment vois-tu la fin de championnat pour le Sporting ?

Personnellement, je suis certain que nous allons nous sauver, je n’ai pas de doutes sur cela.


(source : rcsc.be)

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