jeudi 9 avril 2009

Interview de John Collins




Si vous pouviez faire passer un message aux supporters, que voudriez-vous dire ?

Je leur dirais qu’ils sont très importants pour nous. C’est notre douzième homme sur le terrain. Quand le public est avec nous, que les supporters crient, chantent, sont derrière l’équipe, ça fait du bien aux joueurs. C’est quelque chose d’hyper important. Par contre, s’ils commencent à siffler, parce qu'on ne joue pas bien ou parce qu’on prend un but, ce n’est pas positif non plus pour les joueurs. On a une jeune équipe et les garçons ont besoin de confiance. Quand ils entendent le public contre eux, qui sifflent, ils perdent vite leurs moyens, leur confiance. Et ce n’est pas bon pendant le match. Après, ils peuvent siffler. Et c’est normal, s’ils ne sont pas contents. Pendant la rencontre, les supporters doivent faire bloc avec leurs joueurs. Les joueurs qui rentrent maintenant sur le terrain se donnent à 100%, le public doit en être conscient.

Votre relative méconnaissance du championnat belge et des adversaires n’est-ce pas un handicap ?

Non. Pour un coach, le foot, c’est le même partout. Tu t’adaptes en fonction de tes analyses. Le plus important, c’est ton groupe. Moi, je gère mon groupe, je vérifie, j’analyse chaque séance d’entraînement physique et technique. Il faut sans cesse analyser son effectif, voir ses réactions suite à une défaite ou une victoire, travailler sur les faiblesses, les points forts de l’équipe. Bien sûr, j’analyse aussi l’adversaire. Je l’étudie en visionnant plusieurs fois les DvD des rencontres des équipes que nous allons rencontrer. J’analyse leurs points forts, leurs points faibles

Comment situeriez-vous le niveau du championnat belge par rapport à celui de l'Écosse ? Quelle est la différence entre le foot développé en Écosse et celui en Belgique ?

C’est plus fort ici. C’est plus costaud : il y a plus de puissance, plus de vitesse. Vous avez beaucoup d’Africains et d’étrangers. En Écosse, on n’a pas le droit de faire signer des Africains, des Sud Américains, car les permis de travail ne sont pas attribués comme ici. Chez nous, il n’y a que des Écossais et très peu d’étrangers. Le point fort de l'Écosse, c’est son esprit. Chaque jour, on se donne à 100%, mais ce n’est pas toujours suffisant pour gagner des matches, des championnats. Une « compil Écosse-Belgique » serait très bien. (rires)
En Belgique, on joue plus au sol. Malheureusement, en Écosse, trop d’équipes évoluent avec un jeu lent et souvent aérien. C’est le football que je déteste. Ce n’est pas mon style.

Est-ce que l'état général des infrastructures et des terrains vous donne envie de signer une prolongation de contrat ?

Je crois que la Direction est assez intelligente pour réaliser que je suis un coach qui veut du beau football et qui veut faire plaisir au public. Pour un jeu offensif au sol, il faut un bon terrain. On doit gagner plus de points à domicile. Le terrain que nous avons pour l’instant favorise les adversaires. Les clubs viennent ici pour prendre un point et ils jouent pour défendre et forcer un résultat. Pour ne pas prendre de buts. Nous, on doit faire le jeu, faire un spectacle, créer des occasions pour le public. Chez nous, on joue donc à onze contre douze ! La pelouse, c’est un joueur en plus contre nous. J’en ai déjà parlé avec la Direction. J’espère que cela changera l’année prochaine. On ne peut rien faire pour le moment. C’est trop tard : avec le temps, l’herbe pousse mal. Les terrains d’entraînement, c’est terrible aussi. C’est dommage, car Charleroi est une grande ville où il y a beaucoup de potentiel. S’il y a une chose négative, c’est tout cela. Je suis venu pour un challenge et les installations ne facilitent pas le travail. Il ne faut pas nécessairement un « 5 étoiles », car le plus important c’est le travail que tu fais avec les installations. Je ne suis pas quelqu’un qui va dire à Mogi ou au Président, « Je dois avoir ceci ! Il me faut cela !» Non, ce n’est pas mon style.

Quel est le plus gros point de satisfaction et de déception au niveau du noyau et de son évolution ?

La plus grosse satisfaction, c’est l’évolution depuis le match catastrophique contre La Gantoise. On a changé le système de jeu, on a changé des joueurs. Et depuis, on a une équipe qui a cessé d’être dominée à domicile et à l’extérieur, où on a fait de très bons matches. Physiquement, on est bien. On ne prend pas de but. C’est toujours important pour la confiance. La déception, c’est que je voudrais que l’on marque plus de buts. Je suis un coach offensif. On a pourtant des occasions. Nous travaillons sur cet aspect : on travaille sur la dernière passe, sur la pénétration dans la zone défensive adverse, etc. Il y a, à ce niveau, beaucoup à améliorer. Collectivement, défensivement, on travaille comme il faut. Tout le monde réalise que sans le ballon, il faut mouiller le maillot pour le partenaire. Quand on rentre sur le terrain, on joue pour l’équipe. C’est l’homme devant le ballon et pas derrière. C’est important pour moi.

Notre équipe a-t-elle une âme ? Avons-nous une équipe de « battants » ?

Maintenant, oui ! Chaque fois que nous montons sur le terrain, ce n’est jamais un match facile pour l’adversaire. Dès le premier jour où je suis arrivé, le message que j’ai voulu transmettre était qu’aux entraînements, on est là pour progresser et pour travailler. On s’entraîne maintenant comme on joue. Si on s’entraîne à 50 %, on n’arrivera à rien le samedi soir. Les joueurs ont bien compris cela. Physiquement, on est bien. On finit bien les matches… et mentalement, nous sommes plus costauds aussi.

Quel était votre sentiment juste après le coup de sifflet final et la victoire face au Standard ?

Bien sûr, j’étais heureux comme tout le monde dans le stade. Pour le public, c’est bien. C’est le match de l’année. Pour le coach, c’est surtout 3 points. Au coup de sifflet final, je pensais déjà au prochain match et les joueurs aussi. Le public va parler de la rencontre dans les cafés, les restos. Cela fait du bien pour les supporters. Avant la rencontre, j’ai dit aux joueurs qu’on devait jouer comme si c’était un autre match. Défensivement et offensivement, on se devait d’être bien concentré. Mais, c’est vrai que le stade plein à craquer, l’émotion avec le public, ça fait quelque chose. Le coach, pour des matches pareils, doit calmer les esprits, relâcher le groupe.

Que manque-t-il à Charleroi pour décrocher un titre ?

C’est simple : il faut avoir un bon effectif, un grand effectif, de la qualité et il faut garder cela. Tu ne peux pas gagner un titre, si tu vends tes meilleurs joueurs chaque année. Il faut être réaliste.

Quelle est la chose la plus importante que vous pensez pouvoir apporter au club de Charleroi ?

Je peux apporter mon côté « positif ». Je suis quelqu’un de calme et motivé, tous les jours. Je crois que je connais le foot et que je peux motiver les joueurs. J’ai joué au plus haut niveau, je sais comment ça marche dans les plus grandes équipes sur le terrain et autour du terrain. Je peux apporter le professionnalisme que certains joueurs n’ont pas. Quand je suis arrivé, j’ai constaté que certains joueurs n’étaient pas assez professionnels. Il est écrit dans leur contrat « joueur professionnel », mais dans leur comportement, ce n’était pas le cas. Si je reste au club l’année prochaine, c’est une chose qu’on va améliorer. Le professionnalisme n’est pas une chose que je peux changer tout de suite. C’est impossible. Si le joueur veut progresser, il doit agir dans tous les domaines : physiquement, techniquement, tactiquement, hygiène de vie. Tout cela fait partie d’un ensemble. Je ne cesse - et ne cesserais jamais - de le répéter aux joueurs. A un moment donné, ça doit rentrer dans la tête. C’est dans leur intérêt. Ils doivent être à l’avance aux entraînements. Ils doivent avoir la volonté de rester pour s’entraîner, pour faire le stretching, de rester dans la salle de musculation. Ils doivent vouloir travailler devant le but, vouloir dormir 10 heures par nuit, vouloir bien s’alimenter, etc. Toutes ces choses importantes font un joueur de haut niveau. A la fin, ce sont ceux qui feront cela qui réussiront.

En finalité, si la Direction fait un effort au niveau des infrastructures et dans l’apport d’un renfort éventuel, allez-vous signer pour un contrat de plusieurs années ?

Je suis ambitieux. J’aime les bons projets. Je suis venu pour un challenge. Un challenge ne se réalise pas en quelques mois. Dans les semaines qui suivent, nous allons discuter avec la Direction sur un contrat. Et on verra. En attendant, je vous remercie pour cette interview et les très bonnes questions posées.

(source : rcsc.be)

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