lundi 20 avril 2009

Dufer, seul bon Carolo sur la pelouse





VAINQUEUR par défaut d'un Charleroi pathétique, Tubize prend une belle option sur la 17e place… et rêve des barrages.

Assistance : 4.000 spectateurs.

Buts : 14e : Mujangi Bia (0-1), 31e : Dufer (1-1), 50e : Defays csc (2-1), 67e : Perbet (3-1).


Il s'en était déjà fallu de peu, au match aller, pour que les Carolos de Tubize offrent la victoire au club brabançon wallon. Puisque sans un triplé de Habib Habibou – absent pour blessure, samedi soir – inscrit en neuf minutes chrono au retour des vestiaires, les deux buts préalablement marqués par Grégory Dufer et Vittorio Villano au Mambourg le 22 novembre 2008 auraient probablement suffi à donner la victoire à l'AFC.

Samedi, au stade Leburton, Dufer, le plus doué des deux Tubiziens nés au Pays noir, a cette fois su mettre au tapis son club formateur en renversant à lui seul le cours d'une rencontre qui semblait pourtant jouée dès l'ouverture du score de Mujangi Bia. Car qu'on ne s'y trompe pas : c'est davantage Charleroi qui a perdu la partie que Tubize qui l'a gagnée. Même si l'AFC a eu le mérite d'être, globalement, plus volontaire que son hôte, manifestement trop sûr de lui (ou je-m'en-foutiste ?) pour comprendre que, malgré tout son talent, son avenir en D1 est bel et bien menacé.

Si le Sporting carolo avait évolué avec un minimum de sérieux et d'envie, il n'aurait jamais perdu cette parodie de match de D1. Amorphes, les Zèbres se sont laissé endormir par l'absence totale de rythme des échanges et se sont rapidement mis au diapason de leur très faible adversaire – on compta presque, des deux côtés, plus de glissades risibles, de contrôles, passes et centres ratés que de brins d'herbe sur la pelouse dégarnie du stade Leburton. Avec, pour conséquence directe, un but égalisateur opportuniste de Dufer qui galvanisa des Tubiziens jusque-là peu déterminés et incapables de faire le nécessaire pour interrompre leur interminable série de dix défaites de rang.

« C'est vrai, notre égalisation est tombée de nulle part, concède Yohan Brouckaert. Mais le coach a su trouver les mots justes à la mi-temps en nous encourageant à jouer plus haut, à être plus conquérants. Ce que nous avons su faire grâce à notre supériorité dans les duels, que nous gagnions tous. »

Un regain de hargne payant puisque juste après la pause, la seule action réussie par Diafutua en 90 minutes – amortie orientée de la poitrine suivie d'une jolie talonnade dans la course de Dufer – permettait au joueur prêté par le Standard de se distinguer à nouveau, son puissant centre en direction de Karaca, posté au second poteau, poussant Defays à tromper son propre gardien. Avant que Perbet, un autre ancien de la maison carolo, ne tue définitivement tout suspense en plantant sa 12e rose de la saison à l'occasion de sa deuxième touche de balle à peine. Et sur un service très inspiré de l'intenable Dufer.

« Nous sommes bien conscients que, malgré ce succès, la distance qui nous sépare de Dendre, Roulers et Courtrai reste insurmontable, analyse Grégoire Neels, monté au jeu à dix minutes du terme. Mais notre objectif avoué, à présent, est de conserver la 17e place sur laquelle nous venons de prendre une sérieuse option en repoussant Mons à quatre points. Car soyons honnêtes : on a beau dire qu'on ne souhaite pas le malheur de Mouscron, il pourrait bien faire notre bonheur en nous qualifiant pour les barrages. Nous aurions naturellement préféré nous sauver grâce à nos prestations sur le terrain. Mais quand on joue sa peau, tout coup de pouce du destin, aussi cruel soit-il pour l'Excel dans ce cas-ci, est bon à prendre. Prétendre le contraire serait hypocrite. Et puis, après tout, le foot ne se limite pas au volet sportif. Il faut aussi pouvoir répondre aux critères financiers et administratifs imposés par la Ligue pro et ne pas essayer de vivre au-dessus de ses moyens. »

Et c'est vrai que, sur ce plan-là en tout cas, l'AFC Tubize a valeur d'exemple.


Bertrand Laquait : « Tous les Zèbres mangés de A à Z »

Trois tirs partis des pieds de Mujangi Bia – deux ont été détournés par Ardouin alors que l'autre a donné l'avantage pendant dix-sept minutes à ses couleurs –, voilà à peu près tout ce que le Sporting a fourni de valable au stade Leburton samedi soir. Une production nettement insuffisante face à un adversaire qui n'a même pas eu à se transcender pour signer un succès qui suscite de nombreuses interrogations dans les rangs carolos. Mais ces Zèbres se sont-ils vraiment glissés dans la peau de candidats sérieux au maintien ?

« Tout le monde a conscience que le sauvetage est loin d'être acquis. Cette rencontre ne constitue qu'un accident de parcours », résume Adlène Guédioura, ce joueur au tempérament loué par tous mais qui ne fut que l'ombre de lui-même samedi. À l'instar de ses équipiers qui ont sombré au moment où l'on s'y attendait le moins. « L'égalisation de Tubize a cassé notre rythme. Mais il est difficile de gagner lorsque l'on n'est pas présent dans certains domaines. Ne cherchons pas d'excuses : nous avons perdu parce que nous avons été dominés. »

Pour la quatrième fois de la saison (à Waregem, à Roulers, contre Gand et à Tubize), Bertrand Laquait a dû aller rechercher au moins à trois reprises le ballon au fond de son goal. Un geste que n'apprécie aucun gardien au monde surtout quand celui-ci se sent trahi par ses partenaires. « J'espère que cette défaite ne laissera pas de traces. Nous voilà contraints de battre Zulte-Waregem, une équipe en forme et qui lutte pour l'UEFA. Il faudra en tout cas démontrer un tout autre visage car, ce samedi soir, tout joueur portant un maillot zébré s'est fait manger de A à Z. Si certains découvrent notre classement délicat aujourd'hui, moi je suis conscient des réalités depuis un certain temps déjà. »

Frank Defays n'a pas vécu une soirée mémorable au stade Leburton. Averti, ce qui le contraindra à prendre place en tribune dans cinq jours, et auteur d'un autobut, le capitaine de Charleroi s'est exprimé avec modération. « À 0-1, nous avions toutes les cartes dans notre jeu pour remporter un précieux succès. On a pourtant laissé Tubize rentrer dans le match. Ensuite, le groupe a perdu son sens collectif et a livré une seconde mi-temps difficile. Nous étions tous amorphes et je ne trouve pas les raisons à ce soudain manque d'enthousiasme. Il y a plus de qualités à Charleroi mais il y avait nettement plus d'envie à Tubize. Nous ne devons maintenant pas nous morfondre après ce qui doit demeurer un accident de parcours. Cela faisait huit semaines que le Sporting tenait bien la route, il va falloir retrouver cet état d'esprit. »

Que la victoire acquise avec abnégation face au Standard le 22 mars passé semble loin ! Les Zèbres ont certes toujours leur sort entre leurs pieds mais il faut bien reconnaître que quelque chose ne tourne pas rond au Mambourg où l'entraîneur au bilan moyen (16 points sur 42 disponibles) a émis le souhait de ne pas prolonger l'expérience et où certains éléments, et non des moindres, se posent des questions quant à leur avenir. Qu'ils pensent, tous, d'abord à assurer celui du club qui les emploie.

(source : Le Soir)

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