samedi 19 décembre 2009

“Évidemment que j’ai peur de la D2”




Charleroi, malade comme le football wallon ? Le président le conteste

Alors que se profile pour dimanche un match capital entre Charleroi et le Standard, qui doivent tous deux sortir de la crise sportive, Abbas Bayat nous a reçus pour un entretien d’une petite heure.

Ce Standard - Charleroi, c’est le duel des porte-drapeaux d’un football wallon malade ?

“On ne peut pas généraliser et dire que le Standard et Charleroi sont malades. Un malade doit se faire opérer. Ce n’est pas le cas du Sporting. Nous n’avons simplement pas les points que l’on voudrait, mais il reste douze matches et la Coupe de Belgique.”

Le match le plus important, c’est celui de dimanche ou celui de mercredi en Coupe ?

“Ni l’un ni l’autre. On doit gagner les deux. Pour le Standard, l’importance n’est pas sportive car ce ne seront que 3 points sur 90. C’est un événement social qui entre dans l’histoire des relations entre Liège et Charleroi. Il y a beaucoup d’ambiance, de spectateurs et de spectacle. À cette occasion, le stade tremble. Cela n’arrive pas contre Anderlecht. Quant à la Coupe, c’est un objectif. On veut tout gagner, même si on ne peut pas le faire.”

Vous avez quand même un urgent besoin de points. Craignez-vous la D2 ?

“Évidemment que j’ai des craintes à ce sujet. On en a toujours. J’ai toujours peur de demain, que les gens arrêtent de boire (NdlR: il est président de Sunnyland) et qu’on ne vende plus assez de boissons.”

De quoi tomber de haut quand on affiche l’ambition du Top 6 ?

“Ce n’est pas parce qu’on affiche de l’ambition que l’on tombe si elles ne se réalisent pas.”

Vous gérez le dossier de l’entraîneur, mais c’est Mogi qui forme l’équipe. La situation est particulière puisque c’est votre neveu, mais celle-ci ne répond pas à l’attente. Avez-vous déjà songé à le licencier, à lui adjoindre quelqu’un ou à le recadrer ?

“Je n’ai jamais réfléchi à ça. Et je ne pense pas que ce soit un débat à avoir dans la presse.”

Vous êtes donc satisfait de son apport.

“Il est là parce que le groupe estime que c’est bien qu’il soit là. Comment, d’ailleurs, ne pas être satisfait quand on analyse la situation globale et qu’on regarde d’où on vient, de cette D2 qu’on a évitée sur un seul match discuté et sans doute discutable (NdlR : le fameux Charleroi - Anderlecht) ? Nous n’avons pas les meilleurs résultats du pays, mais nous avons sur les cinq dernières années, avec nos deux 5es places, le meilleur rendement. Et, sur dix ans, nous sommes sans doute 11es ou 12es. Ce n’est pas si mauvais.”

Mais c’est loin des ambitions que vous affichez…

“Mais l’ambition est quelque chose de personnel. Je veux aussi vendre plus de jus de fruits que Tropicana et Minute Maid. Mais si je n’y arrive pas, je n’aurai pas échoué pour autant. L’évaluation doit s’établir sur la totalité de l’œuvre et, depuis cinq ans, ça va bien. Charleroi n’est pas dépendant d’une personne pour vivre. Et ça, c’est génial.”

À quelle place devrait se situer Charleroi en fonction de son effectif ?

“C’est difficile à dire mais en termes d’équilibre, nous avons le meilleur effectif depuis que je suis président, mais nous n’avons pas su utiliser cette base. On est un peu court en défense mais quelle équipe ne voudrait pas de nos réservistes : Mujangi Bia, Cordaro, Kage, Christ, etc ?”

Avec la réforme, vous pouvez toujours gagner les playoffs 2 et disputer un ticket européen au 4e du championnat. Vous y songez dans la situation actuelle ?

“Je ne regarde pas si loin. À la base, j’étais contre la réforme. Aujourd’hui, je ne me pose plus la question. Mais si on fait les playoffs 2 avec tous les adversaires qui n’amènent que 6.000 personnes au Mambourg et qu’on arrive à accrocher l’Uefa en battant le 4e pour aller se faire sortir en Russie en dépensant deux mois de recette pour disputer ces matches, je ne sais pas si on sera vraiment gagnant.”

Avez-vous déjà songé à quitter la présidence ?

“Tant que je suis là, je suis là. Rien n’est dessiné à l’avance.”

Mais vous n’en avez jamais eu marre ? Ne vous êtes-vous jamais dit que le club vous amenait plus de négatif que du positif ?

“Si, j’en ai déjà eu marre. Chaque jour. Comme j’en ai marre à chaque fois que je prends mon véhicule, que je suis bloqué dans le trafic, qu’un chauffard effectue une manœuvre stupide devant moi, etc. Mais il y a aussi chaque jour des points positifs car ce club aurait pu disparaître.”

Posons la question autrement : êtes-vous heureux d’être président du Sporting ?

“La vie est un défi. Ce n’est pas du bonheur et du malheur. Ce serait arrogant de dire que je vis pour être heureux. On naît pour faire du mieux possible, pour amener ce que pouvez apporter aux autres et à la vie sociale en général.”


“Demol, c’est le plus gros échec”


À refaire, il engagerait Craig dès le mois de juin

Abbas Bayat évoque ses entraîneurs...

Président, d’où proviennent les difficultés de Charleroi ?

“De la situation autour de Stéphane Demol. Nous avions bien entamé la saison avec un jeu agréable. Ensuite, il ne s’est plus senti bien et tout s’est détérioré. Ce n’est pas compliqué : après cinq matches, tant que tout allait bien, nous présentions la 2e meilleure défense (NdlR : 4 buts encaissés). Sur les cinq matches suivants, nous avons encaissé quatorze buts.”

Avez-vous compris et digéré le départ de Stéphane Demol ?

“Je ne l’ai toujours pas compris, mais je n’ai pas besoin de le digérer. Simplement, plus vite on passait à autre chose, mieux c’était. Il a eu un effet négatif. Si on peut dire que Delangre et Siquet ne furent pas des réussites, Demol, avec le noyau à disposition, c’est le plus gros échec. Il a des points forts, mais il n’a jamais su amener la stabilité. Aujourd’hui, on a retrou- vé l’esprit collectif présent en début de saison et qui s’était évaporé après cinq journées.”

Quel raisonnement vous a ame- né à l’engagement de Tommy Craig ?

“Il a effectué du bon boulot dans la 2e partie de la saison passée. Si nous avons terminé la saison par un neuf sur douze, c’était grâce à son travail de base. L’ambiance était bonne et cela résultait en bonne partie de sa méthode de coaching au quotidien.”

Ce n’est quand même pas courant d’aller chercher un ancien adjoint écossais quelques mois seulement après son départ.

“On a vu en lui la meilleure solution tant à court terme – car il connaissait la plupart des joueurs et nous ne voulions pas perdre quatre ou cinq matches à laisser le temps à l’entraîneur de découvrir l’effectif – qu’à long terme. Il avait aussi déjà travaillé avec Mario Notaro et, lorsque nous nous sommes quittés en mai dernier, je lui avais glissé à l’oreille que je ferais peut-être un jour appel à lui comme entraîneur principal.”

Pourquoi n’avoir pas poursuivi avec lui dès juin alors ?

“Parce que c’était trop frais, qu’il était venu en duo avec John Collins avec lequel il a une relation forte. Mais si je pouvais revenir en arrière, je lui fais signer son contrat en juin car il correspond à ce que nous recherchons : formateur, homme de terrain depuis 25 ans, qui a parfois bossé dans des clubs sans grands moyens et qui n’a donc pas trop d’exigences. Et, pour lui, redevenir entraîneur principal était un challenge puisque, hormis chez les U21 écossais, il a surtout été adjoint.”

Coupons les ailes à une rumeur infondée : auriez-vous repris Mathijssen s’il n’avait pas signé juste avant à Lokeren ?

“Jamais.”

Craig est votre 12e entraîneur et on sait que la nomination de ceux-ci est de votre ressort. Cela signifie-t-il que vos choix furent souvent erronés ?

“Je ne les stipule pas comme des erreurs. On ne voulait pas prendre d’entraîneurs avec beaucoup de bagage car, comme pour les jou-eurs, je voulais donner la chance à un jeune coach. Malheureusement, peu l’ont saisie, mais il est ardu de connaître quelqu’un qui n’a jamais travaillé sur les terrains de D1. Regardez Delangre, le professeur des autres, qui était théoriquement un bon entraîneur.”

Pourquoi, alors, ne pas prendre un coach d’expérience qui connaît la D1 belge ?

“Mais y a-t-il des valeurs sûres alors qu’on n’a pas les moyens de dégager 300.000 euros pour un entraîneur ? Maintenant, si on agit comme Mouscron, on peut évidemment faire signer n’importe qui...”

(source : dhnet.be)

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